« Mieux vaut prévenir que guérir »...

 Une grande partie des rééducations en écriture pourraient ne pas être nécessaires si l'enseignement de l'écriture au cycle 2 était mené de manière efficace. Par cycle 2, j'entends « grande section, CP et CE1 ». Le fait que les cycles soient en cours de réforme ne change rien au fait que l'écriture s'acquiert essentiellement durant ces trois années. Or, les enseignants n'ont reçu que peu, voire pas de formation à ce sujet dans les IUFM ou les ESPE... Ils sont donc bien souvent livrés à eux-même, et doivent faire face sans formation à des attentes importantes de la part de l'institution et des familles.

C'est pourquoi je propose aux enseignants de cycle 2 de mettre en œuvre dix principes pour prévenir les difficultés d'écriture de leurs élèves.

 

1/ Préférer le dessin libre, le travail sur la motricité fine, sur la latéralisation... aux exercices de graphimes. Les pages de ponts, vagues, zig-zags ou autres ne préparent guère à l'écriture cursive. Pour travailler le graphisme, éviter de donner des supports évoquant l'écriture (feuille A4, photocopie) et privilégier les matières et outils différents (plan vertical ou horizontal, feuilles de tailles, textures et couleurs différentes, carton, bois, plastique,... peinture, craies, feutres brillants, cotons-tiges, craies grasses, pastels, crayons...)

 

2/ Utiliser de véritables exercices de préparation à l'écriture, comme ceux proposés gracieusement par l'association 5E, plutôt que de faire faire des fiches de graphisme qui n'ont souvent guère d'intérêt.

 

3/ Veiller à la bonne tenue du crayon : entre le pouce et le côté de la dernière phalange du majeur, corps du crayon posé sur le pli entre le pouce et l'index, index posé souplement sur le crayon. Pour repérer l'endroit où le contact avec le crayon doit se faire, on peut dessiner des points sur la main de l'enfant.

position tenue crayon  position tenue crayon écriture gauchère

Avant de commencer à écrire, toujours vérifier la position des doigts, du cahier et de la main !

droitier

 

4/ Pour délier les doigts, faire des exercices de motricité fine. La gym des doigts peut être pratiquée quotidiennement ! Voici deux petites idées, mais il en existe des centaines d'autres.

 

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5/ Toujours lier écriture et lecture. Une excellente manière de le faire est de faire écrire les enfants à voix basse : les faire oraliser, syllabe à syllabe, tout ce qu'ils écrivent, au rythme de leur geste. De la même manière qu'un enfant de GS, CP ou CE1 est trop jeune pour lire « dans sa tête », il est aussi trop jeune pour écrire « dans sa tête ». La voix intérieure ne peut se construire que petit à petit. De ce fait, ne pas faire écrire à chaque enfant son prénom « en attaché » avant qu'il ait appris et à le lire et à l'écrire en faisant correspondre son et geste. Il ne reproduirait que le dessin des lettres sans comprendre ce qu'il fait et prendrait de mauvaises habitudes.

 

6/ Utiliser du lignage Seyès agrandi pour commencer l'écriture, et non des cahiers au lignage incomplet. En grande secction de maternelle, ou en cas de difficulté pour certains élèves à percevoir le lignage, vous pouvez utiliser un lignage spécial, séparant bien les lettres montantes des lettres descendantes, le lignage Gurvan.

 

7/ Respecter la progression logique d'apprentissage des lettres.

  • d'abord les boucles (la petite boucle, e, puis la même boucle étirée vers le haut, l)
  • ensuite les pointes, qui sont ces mêmes boucles étroitisées (i, u, t)
  • puis les lettres rondes (c, o, a, d)
  • puis les ponts avec retour sur la ligne de base (m, n)

L'ordre des lettres suivantes importe peu, une fois que les gestes de base sont maîtrisés. Il peut être construit en fonction de la progression de lecture.

 

8/ Lorsque l'enfant écrit, vérifier qu'il ne s'arrête pas en chemin. L'écriture doit s'enchaîner sans marquer d'arrêt, sauf avant une lettre ronde où on doit « sauter » pour trouver le point d'attaque de cette lettre. On ne s'arrête en particulier pas :

  • pour démarrer une lettre d'en haut (aucune lettre ne commence par une barre descendante)
  • pour écrire une lettre en deux parties (sauf le x)
  • pour mettre un point sur un i, une barre sur un t ou un accent sur une voyelle (on les ajoute quand on a fini d'écrire le mot)

 

9/ Soignez vos modèles ! Il y a un certain nombre de points à avoir en tête :

  • pas de cassure à l'intérieur des e ni des l : ces "petites marches" ralentissent le geste.

Éviter :

pêcheur modèle à éviter

 

Préférer :

pêcheur : modèle à préférer

  • pas de trait d'attaque inutile avant une lettre ronde en début de mot.

 

Éviter :

o a d avec attaques

 

Préférer :

o a d main

 

  • pas de « bouclettes » ornementales : les élèves ne perçoivent pas qu'elles correspondent à un changement de direction et les ajoutent souvent comme un dessin.

 

Éviter :

avion

Préférer :

avion main

10/ Évitez les petits points rouges sur les cahiers pour marquer les points d'attaque de la lettre à recopier. L'enfant doit trouver tout seul le point de départ de la lettre et le rythme nécessaire à sa répétition. En cas de difficulté, on peut travailler ce rythme en alignant des objets ou collant des gommettes de manière régulière.

 

Vous trouverez des progressions et du matériel de grande qualité sur les blogs d'enseignantes qui se sont penchées sur l'écriture de manière sérieuse et ont construit de véritables progressions pour leurs élèves.

 

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