Les enseignants reçoivent de plus en plus d'injonctions à aménager le travail pour certains de leurs élèves, atteints de troubles "dys". Ces troubles sont nombreux : la dyslexie, bien sûr, qui est le plus connu, mais aussi la dysphasie, qui rend la parole difficile, la dyspraxie, qui atteint la coordination des gestes, la dysorthographie, la dyscalculie... et la dysgraphie, qui intéresse au premier chef les graphopédagogues puisqu'elle se manifeste par des difficultés à écrire à la main.

De nombreux sites proposent des listes d'aménagements à mettre en place en classe. Les professionnels qui prennent en charge les enfants ou les parents d'élèves donnent souvent ces listes aux enseignants, en leur demandant d'adapter leur pratique aux difficultés de tel ou tel élève.

Comment faire le tri et comment s'organiser en classe pour que la charge de travail soit supportable ?

Un trouble mal défini

Il est à noter que la dysgraphie, en tant que telle, n'est pas un trouble reconnu par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), qui reconnaît par contre bien la dyspraxie en tant que trouble développemental de la coordination.

La dyspraxie rend difficile l'automatisation de tous les gestes, donc du geste d'écriture, qui peut être très maladroit et / ou très lent; Par ailleurs, les troubles déficitaires de l'attention (TDA) affectent tous les domaines de la scolarité, et tout particulièrement l'écriture, qui demande beaucoup de concentration lors de son apprentissage. La dysgraphie se retrouve donc au centre d'une nébuleuse qui regroupe pêle-mêle de la dyspraxie, des troubles de l'attention, des difficultés d'organisation et un apprentissage scolaire difficile. On peut donc la réduire en travaillant sur plusieurs paramètres.

Attention aux prophéties autoréalisatrices

Cette vidéo vient d'être mise en ligne sur le groupe Facebook de l'association Dys sur Dys1, avec le commentaire suivant : Apprendre la conjugaison lorsqu'on est Dys orthographique et multi Dys est VAIN.

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A l'appui de ses dires, la personne qui fait la vidéo (je ne connais pas son métier, mais c'est manifestement une professionnelle) dit à l'enfant, littéralement : "Ton cerveau ne PEUT pas intégrer l'orthographe".

Puis elle met à l'enfant, prénommé Rayan, un casque d'escrime et des gants de boxe. Ce matériel est souvent utilisé pour faire percevoir aux personnes qui ne souffrent d'aucun trouble à quel point il peut être difficile d'écrire quand on est dysgraphique ou de lire quand on est dyslexique. Mais là, la situation est différente : on rajoute aux difficultés de l'enfant du matériel qui est lourd, désagréable à porter (Rayan se plaint à plusieurs reprises) et qui l'empêche de réussir la tâche qu'on va lui donner à exécuter.

À la fin de la vidéo, après avoir "démontré" que le pauvre Rayan n'arrivait à rien dans ces conditions, la stratégie proposée est l'évitement pur et simple : tu m'as demandé de t'aider en conjugaison, mais je vais t'apprendre les équations, parce que tu es bon en maths.

J'ai été extrêmement triste en visualisant cet échange. Je me demande s'il existe au monde un enfant qui, après qu'on lui ait dit qu'il ne PEUT pas y arriver du fait d'un handicap très grave et invisible puis qu'on lui ait imposé de porter des objets handicapants, réussisse quoi que ce soit.

Je ne connais pas Rayan. Je ne nie aucunement qu'il souffre de troubles dys et que ses difficultés soient légion. Mais ce qui me rend triste, c'est qu'une professionnelle censée l'aider à surmonter ces difficultés, au lieu de l'étayer, de répondre à ses questions, de trouver de nouvelles stratégies pour lui enseigner simplement les règles de la lecture et de l'écriture, lui martèle que le monde entier doit absolument savoir qu'il n'y arrivera pas, qu'il n'y arrivera jamais. Je ne connais pas Rayan, et je ne sais pas comment est son écriture quand il n'a pas de gants de boxe. Je ne sais pas non plus si en graphopédagogie, nous aurions pu l'aider. Mais je sais une chose : qu'après une vidéo pareille, diffusée à grande échelle, ses chances de réussir à surmonter ses troubles et à apprendre la conjugaison sont presque inexistantes.

Je ne connais pas Rayan, et je ne connais pas non plus Benoît. Mais je sais que Benoît était étiqueté dysgraphique quand il est allé voir Isabelle de Freitas, ma collègue d'Écriture Paris. C'était un peu un dernier recours, avant le passage à l'ordinateur en classe.

Benoit

Un regard bienveillant et exigeant, du travail quotidien sous la surveillance des parents, un stylo adapté, beaucoup d'encouragements, et Benoît, qui ne voulait pas d'un ordinateur en classe mais voulait être comme les copains, y est arrivé !

Alors Benoît est-il dysgraphique ? Oui, sans doute. Aura-t-il une écriture parfaite toute sa scolarité ? Peut-être pas, car son écriture lui demande encore des efforts. Mais grâce à un travail régulier et progressif, il a pu donner tort aux prédictions pessimistes et montrer que oui, il PEUT écrire. Et c'est une belle victoire.

 

Des listes d'aménagements données aux enseignants

Voici une liste à destination des enseignants. Vous êtes donc susceptibles de la recevoir dans votre classe, donnée par un parent d'élève ou un professionnel. Elle provient d'un organisme belge qui organise un MOOC (cours en ligne) sur les dys - MOOC-Dys. Cet organisme a une vocation européenne et est cofinancé par le programme Erasmus + de l'Union européenne. Il propose six listes différentes, une par trouble dys listé. J'analyserai ici celle consacrée à la dysgraphie, mais la démarche est transférable aux listes d'aménagements pour les autres troubles.

Il est à noter que la liste peut parvenir avec certains items cochés et pas d'autres, dans le cadre d'un PPRE ou même d'un PAP. Il s'agit d'une personnalisation en fonction des besoins de l'enfant, ce qui est bien entendu une bonne chose. Mais plus d'un collègue a également vu la liste arriver tel quel, lui laissant la liberté de choisir quelles préconisations suivre. C'est en particulier à ces collègues que je m'adresse, car la fiche n'est pas simple à aborder.

 

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Une définition qui pose déjà question

Il est à noter que la dysgraphie est définie ici comme un problème d'écriture persistant malgré les exercices et le temps. Cette phrase me semble très importante : en cabinet de graphopédagogie, nous voyons parfois arriver des élèves de 7 ans, voire moins, qui sont "diagnostiqués" (je mets des guillemets car ces "diagnostics" ne proviennent pas d'un médecin, pourtant seul habilité à poser un diagnostic) dysgraphiques alors même qu'au vu de leur jeune âge il est impossible qu'ils aient eu un temps suffisant pour l'apprentissage de l'écriture. Et même des élèves plus âgés sont parfois étiquetés "dys" sans qu'un programme d'exercices sérieux ait été donné et pratiqué suffisamment longtemps.

Au cabinet, en 10 ans d'exercice, j'ai vu une vingtaine d'enfants qui, malgré un travail régulier avec la supervision des parents, n'ont fait que peu de progrès par rapport à ce qui était attendu. C'est peu, au regard des centaines d'élèves du cabinet, mais c'est une réalité. Et rien ne permet de prédire que tel ou tel enfant aura plus de mal à automatiser le geste d'écriture avant d'avoir vraiment essayé !

Peut-être qu'avant de confirmer que tel élève est dysgraphique, on pourrait essayer de mettre en place une remédiation centrée sur le geste d'écriture. J'ai écrit un cahier qui peut servir de support et de guide : Aide personnalisée en écriture, qui est étiqueté "cycle 3" mais qui peut s'utiliser à tout âge à partir de 8 ans.

Il ne faut pas mélanger les dys !

Ce qui me frappe à la lecture de cette liste, c'est qu'elle juxtapose des recommandations sans aucun lien entre elles. Pourquoi utiliser une police Arial corps 14, avec un interligne agrandi, ou encore le logiciel Dysvocal, avec des élèves dysgraphiques ? À aucun moment il n'a été dit qu'ils avaient des difficultés particulières à lire !

Voici le même texte présenté deux fois : une fois de manière classique, une fois mis en page par le logiciel Dysvocal (c'est l'exemple qu'ils donnent sur leur page de présentation).

 

dysvocal 2

 

dysvocal 1

 

 

En tant qu'adulte bon lecteur, quel est le texte qui a été le plus facile à lire pour vous ? Avec lequel avez-vous eu le plus rapidement accès au sens ? Je pense qu'il s'agit du premier texte. La surcharge visuelle des multiples codes couleurs et l'interlignage excessif rendent la lecture du second texte plus difficile. Ce qui vous gêne vous gênera également un enfant bon lecteur !

Par contre, l'attention portée à une mise en page agréable et aérée, et à la place laissée pour les réponses, me semble être quelque chose d'important... pour tout le monde, et pas seulement pour les élèves dys ! La recommandation aux enseignants serait plutôt de proposer à toute la classe des textes aérés, bien mis en page, sans surcharge visuelle, et de prévoir une place suffisante pour écrire la réponse.

On propose un peu plus loin d'utiliser un whisperer, c'est-à-dire en français un chuchoteur. Ce dispositif est très intéressant... pour apprendre à lire ! On n'est là encore pas du tout dans la même problématique, et clairement on ne va pas écrire avec un chuchoteur à la main !

Il en va de même de l'injonction à donner des textes faciles à lire et à comprendre. Cette ligne donne l'impression que l'élève dysgraphique est potentiellement moins intelligent et moins susceptible d'avoir accès aux subtilités d'un texte qu'un autre élève. Or, absolument rien n'a jamais établi de lien entre mauvaise qualité de l'écriture manuelle et déficience intellectuelle. Au contraire, les élèves à haut potentiel intellectuel sont souvent plus concernés par la dysgraphie que les autres, leur cerveau allant plus vite que leur main ! Leur donner des textes plus faciles à lire et moins complexes à comprendre serait parfaitement contreproductif.

Il faut donc veiller à ne pas tout mélanger. On ne proposerait pas à une personne sourde d'utiliser un fauteuil roulant, sous prétexte que "c'est utile pour les personnes handicapées" ! À moins, bien entendu, que cette personne n'ait également un handicap moteur, mais dans ce cas on ne serait plus dans la fiche "surdité".

Le rôle du groupe et l'image de soi

La fiche suggère de promouvoir le travail collaboratif, sensibiliser les autres élèves, valoriser l'entraide. De manière très concrète, elle propose que les élèves qui écrivent plus vite aident l'élève qui en a besoin et photocopier les notes d'un camarade de classe. Ce sont des pratiques qui sont très fréquemment utilisées par les enseignants et qui peuvent être très utiles. Il faut cependant veiller à ce que l'élève ne baisse pas les bras, et ne se sente pas incapable de faire quoi que ce soit seul.

On demande d'ailleurs à l'enseignant de souligner les efforts et les progrès de l'élève, en précisant même s'il échoue. Il me semble qu'il y a là un petit paradoxe : d'un côté, on affirme que l'élève ne peut quasiment pas faire de progrès en écriture, de l'autre, on demande de valoriser ces mêmes progrès... y compris s'il n'existent pas. Je pense qu'il faut voir les choses en deux temps. Dans un premier temps, on essaye vraiment de redonner à l'élève la possibilité et le goût de l'écriture - ce que nous faisons en graphopédagogie - et on encourage les progrès, si minimes soient-ils. Dans un second temps, si les progrès sont vraiment très insuffisants, voire inexistants, on constate que l'élève s'épuise pour rien et dans ce cas on utilise des stratégies d'évitement de l'écriture, au moins une partie du temps.

Quoi qu'il en soit, il est toujours essentiel de féliciter ses élèves et de leur donner confiance en eux, sans jamais leur mentir. Là encore, ceci est valable pour tous les élèves, qu'ils soient ou non porteurs de troubles dys. Il est aussi essentiel d'être exigeant avec eux et de les pousser à faire des efforts pour exploiter leurs capacités au maximum. Les félicitations seules ne suffisent pas ! Les enseignants connaissent bien ce difficile équilibre entre bienveillance et exigence. C'est l'un des aspects les plus difficiles du métier.

 

La question des textes à trous

Une des préconisations qu'on retrouve le plus souvent est celle de donner des textes à trous. L'idée semble logique : si l'élève a du mal à écrire, ne lui demandons pas de réécrire tout le texte, mais juste d'écrire la terminaison du verbe, ou de compléter le mot avec un n ou deux, la phrase avec a ou à. Or, ce qui permet à l'enfant de mémoriser la bonne orthographe, ce n'est pas d'opposer plusieurs graphies possibles, mais au contraire d'utiliser la bonne graphie dans le bon contexte. C'est ainsi qu'on n'enseigne normalement plus les homophones grammaticaux en opposition mais chacun dans son contexte propre. 

En écrivant successivement

Mila va à l'école.
Jordan va à la bibliothèque.
Asma saute à la corde.

Enzo et ses amis jouent à la marelle.
Le match finit à l'heure.
Les enfants goûtent à 5 heures.

l'élève mémorise petit à petit la régularité et le fait que la préposition à s'écrit toujours pareil. Si on mélangeait des phrases contenant le verbe avoir au présent de l'indicatif, à la troisième personne du singulier, on induirait de la confusion.

Notre élève dysgraphique, s'il se fatigue beaucoup à écrire, doit être soulagé en partie de ses efforts. Pourquoi ne pas lui proposer de choisir trois phrases parmi les six et de les copier en entier, pour qu'il bénéficie de la même pédagogie que les autres ? Et si jamais un jour, se sentant en forme, il en copiait une quatrième, l'enseignant saura ne pas être avare de compliments.

De la même manière, il vaut beaucoup mieux copier cinq phrases sur dix avec les bonnes terminaisons de verbes que dix désinances verbales isolées. Le but, ne l'oublions jamais, n'est pas que "ça soit juste dans le cahier" mais bien que "ça soit automatisé dans le cerveau" !

Les textes à trous ajoutent de la discontinuité à des élèves qui ont déjà bien du mal à automatiser leurs apprentissages. Ils ne leur apportent donc aucune aide, bien au contraire.

Comment évaluer un élève dysgraphique ?

L'une des préoccupations majeures, à la fois des parents et des enseignants, est l'évaluation. Comment évaluer de manière juste un élève qui est porteur de troubles dys ? D'un côté, il serait parfaitement injuste de ne tenir aucun compte de ses troubles et de le sanctionner à chaque interrogation, quelle que soit la matière, pour ses difficultés d'écriture. Ce serait également très décourageant pour lui. D'un autre côté, mettre 18 ou 20/20 en dictée à un élève qui n'aurait fait que "remplir des trous" avec des terminaisons apprises par cœur et qui serait parfaitement incapable d'écrire une phrase simple sans erreur d'orthographe ne rendrait absolument pas compte de son niveau réel. Plus dure sera la chute le jour où il sera confronté à un examen ou à un concours, qu'il n'aura aucune chance de réussir !

Mettre l'accent sur les réponses / évaluations orales, ne pas évaluer le soin de l'écriture, proposer un moyen d'évaluation alternatif à l'écrit, n'évaluer que les compétences visées par l'évaluation (ne pas évaluer systématiquement l'orthographe, par exemple).

Les propositions du document sont un vrai fourre-tout. Pourquoi ne pas évaluer l'orthographe des élèves dysgraphiques ? On a l'impression d'un "copié / collé" de la fiche sur la dysorthographie. Encore une fois, on confond les dys et on mélange tout. L'orthographe des élèves dysgraphiques doit être évaluée comme celle des autres. On peut toutefois tenir compte du fait que la dysgraphie peut détourner l'attention des élèves vers le geste graphique, les gênant pour se concentrer sur le fond.

Proposer un moyen d'évaluation alternatif à l'écrit, certes, mais lequel ? À part les exercices à trous, dont j'ai déjà parlé, je ne vois pas.

Tout évaluer à l'oral ? Est-ce vraiment rendre services à nos élèves ? Peut-on évaluer les compétences d'étude de la langue - grammaire, conjugaison, orthographe, expression écrite - à l'oral ?

C'est donc un peu la quadrature du cercle que de trouver un moyen d'évaluer les élèves dysgraphiques, sans leur mentir et sans les désespérer. Il est possible de leur donner des textes de dictée et / ou de questions plus courts, pour tenir compte de leurs difficultés d'écriture, en le précisant sur le livret scolaire. Il est également possible de prévoir certaines évaluations à l'oral - pourquoi pas pour toute la classe, en complément des évaluations écrites ? - en découverte du monde. Cela demande un peu d'organisation car le système implique de faire défiler les élèves un par un, ce qui ne peut pas être fait trop souvent. Mais c'est une modalité intéressante, qui permet de souligner l'importance de l'expression orale, souvent trop négligée. 

Le but doit toujours être, si faire se peut, d'amener l'élève progressivement, en lui donnant de multiples occasions de s'entraîner et de progresser, vers les évaluations de toute la classe. Il est très rare que la dysgraphie soit tellement importante que le but soit impossible à atteindre.

Et l'ordinateur ?

Dans le cas d'une dysgraphie importante, liée à une dyspraxie dans l'immense majorité des cas, la solution de l'outil informatique peut être envisagée. Il faut savoir que l'apprentissage de la frappe au clavier, généralement mené avec l'aide d'un ergothérapeute (sur prescription médicale), peut être difficile pour certains élèves dyspraxiques. Il faut généralement compte une année d'apprentissage, à raison d'une séance hebdomadaire, complétée si possible par des exercices à la maison. Il n'y a donc rien de magique. 

Dans ce cas, il est intéressant de maintenir une écriture manuscrite, même si elle est coûteuse, pour que l'enfant ait quand même l'occasion de s'entraîner. Certaines matières, en particulier les mathématiques, se prêtent mal à la prise de notes au clavier. Ce sera encore plus net au collège et au lycée. Comment noter des équations ou un cours de géométrie à l'ordinateur ? Il faut des logiciels spécialisés, qui ne sont pas du niveau d'un collégien, ni même d'un lycéen.

On peut donc très bien proposer à l'enfant de taper la poésie à apprendre ou la leçon de sciences, mais le faire écrire à la main dans le cahier de maths. Quoi qu'il en soit, il faut avoir à l'esprit que l'enfant apprend en écrivant, y compris au clavier (même si le bénéfice est moindre que celui de l'écriture à la main). Lui permettre de faire une photo du tableau avec l'idée que d'avoir cette photo dans son téléphone lui sera d'une quelconque utilité témoigne d'une grande méconnaissance des processus d'apprentissage... sans compter le fait que l'utilisation d'un téléphone portable en classe est un vrai cheval de Troie !

Finalement, quels aménagements mettre en place en classe ?

Il existe en gros trois types de préconisations envers les élèves dysgraphiques : un étayage des apprentissages par des exercices spécifiques, des aménagements matériels pour faciliter l'écriture (stylos adaptés, lignage spécial...), des stratégies d'évitement de l'écriture (travail à l'oral, à l'ordinateur, cours notés par un camarade ou par l'enseignant).

Je pense que la piste de l'apprentissage doit, autant que faire se peut, toujours être privilégiée. En tant qu'enseignants, nous devons toujours faire le pari de l'éducabilité de nos élèves. Les aménagements matériels ne doivent pas non plus être négligés. Donner de bons outils et de bons supports permet à tout le monde de mieux travailler. Les stratégies d'évitement, elles, sont un dernier recours. Elles sont parfois nécessaire en cas de trouble dys sévère ou de très grande fatigabilité de l'élève. En effet, si les progrès en écriture sont très coûteux, et l'élève très fatigué, il faut parfois choisir ses combats et se concentrer sur un autre point !

En résumé, je vois deux catégories d'aménagements. D'abord, ceux qui sont intéressants pour tous les élèves, dysgraphiques ou pas. Ensuite, les aménagements spécifiques pour les élèves dysgraphiques.

 

Pour tout le monde

- Donner des textes aérés et bien présentés

- Prévoir suffisamment d'espace pour écrire et un lignage adapté (pas de pointillés, un vrai lignage Seyès) si on donne des feuilles d'exercices

- Le plus possible, écrire directement dans un cahier Seyès petit format (quitte à coller la consigne de l'exercice)

- Utiliser des stylos ergonomiques

- Prévoir des marche-pieds et des coussins pour les élèves de petite taille et des tables plus hautes pour les élèves de grande taille

- Prévoir des évaluations à l'oral dans certains domaines

- Encourager les progrès, même minimes

 

Pour les élèves dysgraphiques

- Si possible, reprendre tenue du crayon, posture et formation des lettres sur un temps d'aide personnalisée avec un cahier adapté et l'aide des parents pour l'entraînement (ou envoyer la famille chez un graphopédagogue de votre région)

- Utiliser un lignage spécifique type Gurvan

- Alléger, au moins provisoirement, la quantité d'écrits (pas de textes à trous)

- Prévoir un temps d'aide personnalisée avant une leçon importante pour la préparer et / ou commencer à l'écrire

- Expliciter toutes les stratégies d'apprentissage (celles que les bons élèves mettent en place spontanément)

 

Avec des classes surchargées, des horaires de plus en plus contraints et en l'absence d'aide spécialisée, les enseignants sont souvent bien seuls face aux demandes légitimes des familles et des professionnels de prendre en compte les spécificités de chacun de leurs élèves. En faisant le tri dans les listes d'aménagements préconisés, et en faisant profiter toute leur classe de certains aménagements, ils peuvent adopter des stratégies permettant à un maximum d'élèves de progresser.

 

 

1. J'ai essayé d'engager un dialogue avec cette association sur leur groupe Facebook, sous la vidéo un commentaire renvoyant vers cet article. J'ai d'abord reçu un message, auquel j'ai commencé à répondre, puis quelques minutes après la réponse a été supprimée et l'accès au groupe m'a été interdit. Je trouve regrettable cette absence de dialogue - d'autant que mon message était courtois.

Pour information, ma page Facebook, Écriture Paris, est ouverte au dialogue sur cette question.

 

 

 

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