Apprendre à écrire est l'une des choses les plus compliquées et les plus difficiles que l'on fait à l'école !
Copier un texte suppose à la fois qu'on maîtrise le geste formateur de toutes les lettres, qu'on sache lire et comprendre ce qu'on écrit, qu'on ait des connaissances orthographiques suffisantes, qu'on mémorise un segment du texte pendant le temps de la copie et qu'on sache relire et vérifier son texte.
Pour parvenir à une maîtrise et une automatisation des stratégies de copie, l'entraînement à toutes ces compétences est indispensable.
C'est pourquoi, avec les éditions MDI, nous complétons la collection Mes cahiers d'écriture avec ce nouveau cahier intitulé "Stratégies de copie", à destination des élèves de CM1-CM2, qui paraît au printemps 2025.
Un format particulier
Au cours moyen, les élèves sont amenés à écrire des textes plus longs et plus consistants. Le petit format 17 x 22 cm n'est pas tout à fait suffisant pour contenir des leçons de cycle 3. C'est pourquoi nous avons adopté un format 19 x 26 cm, qui est intermédiaire entre le petit et le grand cahier. C'est déjà dans ce format que nous avons publié le cahier Aide personnalisée, destiné aux élèves en difficulté d'écriture du cycle 3, et au-delà. Ainsi, la page est plus grande et peut contenir plus de texte, mais l'encombrement du cahier sur la table reste réduit et permet à l'élève de positionner correctement son bras. L'élève peut ainsi se préparer progressivement à l'utilisation de grands cahiers, qui est presque systématique dans le secondaire.
Comme le précédent cahier Stratégies de copie, destiné au CE2, ce cahier est organisé en plusieurs parties : la préparation à l'écriture, la révision des lettres majuscules cursives, les accents et la ponctuation et l'entraînement à la copie avec plusieurs modalités différentes.
Avant d'écrire
On pourrait penser qu'en arrivant, vers l'âge de 9 ans, au CM1, les élèves savent correctement mobiliser leurs doigts pour faire bouger le crayon et déplacer leur bras. Il suffit d'interroger les enseignants de ces classes pour savoir que c'est fort rarement le cas. Les exercices de gym des doigts, de déplacement du bras, de mobilité des doigts et de pression me semblent donc fort utiles ! Ils occupent les premières pages du cahier.
À ce niveau de classe, les textes à copier deviennent plus long. Il n'est donc pas rare que des élèves commencent à se plaindre de douleurs à l'écriture, et / ou à ne plus pouvoir tenir le rythme. C'est un moment privilégié pour prêter attention à ces difficultés, qui risquent de devenir handicapantes au collège. Le moment est donc bien choisi pour retravailler la tenue du crayon si nécessaire - de préférence sur les temps d'APC - et vérifier que c'est bien la mobilisation du pouce qui permet les tracés.
Le but est d'automatiser une posture, une tenue du crayon et un geste efficaces pour ne plus devoir y penser par la suite. Les deux dernières années de l'école primaire doivent permettre d'y parvenir.
Révision des majuscules cursives
Au CM1-CM2, on considère le tracé des minuscules cursives acquis, mais il ne m'a pas semblé inutile de réviser le tracé des majuscules cursives - en sachant que les élèves dyspraxiques peuvent très bien être dispensés de ces tracés plus compliqués et tracer leurs majuscules en lettres d'imprimerie.
Les majuscules sont donc révisées par familles de forme, comme le préconisent d'ailleurs les nouveaux programmes du cycle 2 pour leur apprentissage. Sept doubles pages leur sont consacrées. Chaque double page est construite de la même manière.
Sur la page de gauche, on commence classiquement par quelques noms propres à copier. Nous avons choisi des hommes et des femmes célèbres, ce qui donne une occasion de les évoquer en classe si l'enseignant le souhaite.
La copie de phrases doit se faire quelques lignes en-dessous du modèle, pour inciter l'élève à travailler sa mémoire de travail. Les phrases sont divisées en plusieurs segments de couleurs différentes, pour habituer les élèves à mémoriser un groupe de mots qui a du sens au lieu de copier mot à mot, ou même lettre à lettre. Je conseille de demander aux élèves d'écrire en parlant, à voix basse mais audible par l'élève lui-même.
Sur la page de droite, nous proposons un rallye-copie sur le thème de la mythologie grecque. Les majuscules étudiées y sont majoritairement reprises.
Les accents et la ponctuation
Les accents sur les e sont l'une des difficultés du français. On ne peut pas systématiquement s'appuyer sur la prononciation des mots - très dépendante des particularités régionales - pour différencier les é (accent aigu) des è (accent grave). Pour comprendre pourquoi on écrit un mètre mais métrique, un géomètre mais la géométrie, il opère mais il a opéré, il faut observer la voyelle de la syllabe suivante et placer un accent grave si cette voyelle est un e discret et un accent aigu dans tous les autres cas. Les exceptions à cette règle sont très peu nombreuses.
Il m'a toujours semblé dommage de ne pas enseigner cette règle à l'école, ou d'accepter les "accents plats" que finissent par tracer les élèves en cas de doute.
Deux doubles pages sont consacrées ensuite à la ponctuation, indispensable pour aborder les citations et les dialogues, ainsi que pour marquer les phrases exclamatives et interrogatives. J'ai fait le choix de ne pas aborder le point-virgule, qui est manifestement en voie de disparition.
Les différentes activités d'entraînement
À partir de la page 28, toutes les pages sont consacrées à des activités variées d'entraînement à la copie. Les stratégies de copie sont abordées sous différents angles complémentaires :
- la vitesse, grâce à l'activité "je copie pendant trente secondes", qui travaille la répétition rapide et révise au passage l'orthographe de mots invariables classés par similitudes orthographiques.
- la compréhension, grâce à "j'observe l'image et je copie le bon texte", proposant deux textes très proches, ce qui oblige l'élève à une lecture précise et incite les élèves à lire avant de prendre leur crayon en main.
- les images mentales, grâce à "j'ajoute un titre, je copie et je dessine", qui donne à copier des textes comportant des informations implicites. Par exemple, le premier texte parle d'un voyageur dans une gare, sans jamais employer le mot "gare" ni le mot "train".
- la mémoire de travail, grâce au jeu de Kim. Cette activité permet de s'exercer à créer des liens mentalement pour tenter de mémoriser le plus d'objets possible. Elle est également l'occasion d'apprendre à porter son attention sur les difficultés orthographiques, sans encombrer sa mémoire d'informations inutiles (inutile d'apprendre par cœur puma ou biche, qui s'écrivent comme ils se prononcent. Pour rhinocéros, il faut focaliser son attention sur le h après le r).
- le contrôle inhibiteur, grâce au "copie-stop". Comme la correction s'arrête à la première erreur, il est indispensable de bien se concentrer sous peine d'avoir copié plusieurs lignes "pour rien" ! Cette activité est particulièrement utile pour les élèves qui se précipitent et ne se concentrent pas assez.
- la mémoire de travail et la présentation, grâce au "copie au dos". Différents types d'écrits scolaires sont travaillés - poème, leçon de français, leçon d'histoire, leçon de géographie, leçon de sciences.
Un outil permettant la différenciation
Je le constate avec plaisir ces dernières années : les enseignants du cours moyen prennent de plus en plus conscience de la nécessité de travailler la copie en tant que telle et de manière systématique. J'ai l'espoir que ce cahier leur sera utile dans leurs classes et leur permettra de consolider cet apprentissage essentiel.
Les activités sont variées et permettent facilement aux enseignants de choisir celles qui leur semblent adaptées à leurs élèves. La répétition d'activités similaires permet également de favoriser l'utilisation partielle du cahier en autonomie, ce qui est particulièrement utile dans les classes à niveaux multiples.